Selon un rapport gouvernemental paru en Février 2021, “le secteur du commerce en ligne représente environ 7 % des usages du carton ondulé en France, soit 195 000 tonnes, ou 385 millions de mètres carrés consommés chaque année”.
Sendcloud, une plateforme d'expédition, a mené en ce sens une enquête en avril dernier auprès des consommateurs français et a constaté que 56 % d'entre eux étaient préoccupés par les conséquences environnementales potentielles de l’essor de l’e-commerce. 82 % des personnes interrogées ont déclaré que les emballages devraient être entièrement recyclables, ce qui en fait la principale préoccupation environnementale. De plus, 67 % des répondants estiment que les e-commerçants consomment bien trop de matériaux d’emballage lors de l’expédition de leurs colis et que cette quantité pourrait largement être réduite sans pour autant affecter la qualité du service. Ces chiffres témoignent du nouveau défi que représentent l’emballage et le conditionnement dans la démarche durable de l’e-commerce. En effet, les critères éco-responsables bouleversent les chaînes d'approvisionnement. Bien que le virage vert se cantonne souvent aux solutions de transport et d'énergie, l'emballage évolue avec des innovations prometteuses.
D'ores et déjà, les initiatives écologiques se multiplient, à l'image du partenariat noué récemment entre La Poste et la société finlandaise RePack (en savoir plus son histoire) qui propose un service de livraison de colis respectueux de l'environnement. En effet, RePack est une entreprise d'emballages réutilisables qui aide les entreprises e-commerce à contribuer à la transformation de l'expérience d'achat en ligne en un processus durable avec un minimum de déchets. Elle incite à la fois la marque et l'acheteur à participer à la circulation des emballages existants au lieu de produire des emballages en plastique et en carton à usage unique. Récemment, H&M est devenu l'un de ses plus gros clients pour collaborer à la durabilité et à la réduction des déchets d'emballage.
Leur processus est simple : les entreprises s'abonnent aux emballages réutilisables de RePack et expédient leurs produits dans ces emballages moyennant un prix fixe. Les clients reçoivent leur colis et renvoient les sacs RePack par la poste. Les emballages sont conçus pour être pliés au format d'une lettre, et le renvoi des sacs à RePack est toujours gratuit et pré-adressé. Les sacs sont renvoyés à RePack, où leur qualité est contrôlée, et RePack envoie aux entreprises d'autres emballages selon leurs besoins.

En outre, les clients sont récompensés chaque fois qu'ils retournent un sac vide à RePack. Ils gagnent des points qu'ils peuvent donner à une association caritative ou au programme de fidélité du magasin, ce qui augmente également le retour sur investissement et la fidélité des clients. Les entreprises n'ont plus jamais à se soucier des coûts d'emballage puisque RePack est livré en tant que service, mais plus encore, l'emballage réutilisable de RePack ne produit pas de déchets et réduit les émissions de CO2 jusqu'à 80 % par rapport aux emballages à usage unique.
Grâce à cette collaboration, un plus grand nombre d'acteurs français pourront bénéficier d'un service plus écologique et plus rentable. Réutilisable jusqu'à 20 fois, l'emballage est fabriqué à partir de matériaux 100 % recyclés. Une fois périmé, il est remis dans le processus de recyclage. Après réception de l'emballage, le RePack peut simplement être plié et déposé dans une boîte aux lettres ou un point de collecte. Les coûts de la logistique de retour et de la remise en circulation de l'emballage sont couverts par la solution.
Retrouvez d'ailleurs en exclusivité sur notre blog, L'interview de Clémence Avignon, Business Developer chez RePack.

"On parle beaucoup de recyclage, mais ce n’est pas la solution au top", estime Laure Mandaron, directrice RSE de la branche courrier colis de La Poste, à propos du nombre croissant de colis issus du e-commerce et des déchets générés. Selon la directrice RSE du Groupe, "Le réel enjeu, c’est la réutilisation, le réemploi. Moins on produit, moins on gaspille, moins on pollue". Le réemploi, justement, est au coeur du concept de la société Hipli (qui fera l’objet de notre prochain article), avec laquelle La Poste a annoncé un partenariat en octobre 2021. Le Groupe veut en effet faire de Colissimo (service de livraison de colis aux particuliers du Groupe La Poste) un ambassadeur du colis réutilisable.
Ainsi, avec 471 millions de colis livrés en 2021, soit une augmentation de 28% par rapport à 2019, le leader de la livraison à domicile s'engage dans plusieurs projet "emballage" destinés à accompagner les e-commerçants dans une démarche plus respectueuse de la planète.

Soutenue également par l’éco-organisme Citeo (elle a été lauréate de son Circular challenge en 2020) et l’Ademe, la start-up havraise Hipli, créée il y a deux ans, a donc développé un emballage plastique conçu pour résister à une centaine d’utilisations. Naturellement destinée aux acteurs du e-commerce - C-Discount l’a récemment adoptée, Amazon se renseigne -, l’enveloppe zippée réutilisable en polypropylène pourrait, prochainement, concurrencer les traditionnels emballages en carton ondulé. Ces derniers, qui emballent environ 80% des colis envoyés par les vendeurs en ligne, sont de plus en plus visibles. Dans les poubelles surtout. Seulement un tiers des français déclarent les réutiliser, indique Citeo.
Outre son partenariat avec Hipli et sa pochette réutilisable, la Poste fait également savoir qu’elle proposera d'ici fin 2022 un "label" qui garantira la performance technique et environnementale des contenants. Ce label sera délivré à l’issue de tests réalisés par ses équipes techniques et RSE et fera l’objet d’une normalisation Afnor. Parmi les critères qui seront retenus : l’origine des matières premières utilisées, le suivi du nombre de réutilisations, le cycle de vie du traitement à l’aller et jusqu’à son retour à vide. Et aussi la robustesse, la traçabilité… de quoi aller dans le sens des Français qui, selon un baromètre GreenFlex Ademe de 2019, sont 63% à déclarer avoir davantage confiance dans une entreprise qui propose des produits durables à ses clients.
Enfin, toutes ces initiatives et partenariats initiés par le Groupe La Poste montrent dans quelles mesures e-commerce et développement durable sont compatibles. Ils sont également la preuve par l'exemple qu'il est possible de rendre durable deux des éléments les plus polluants de l’e-commerce à savoir : transports et emballages (ces derniers ont d'ailleurs fait l'object d'un article dédié).
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