Comme exprimé dans les articles précédents, l’e-commerce a connu une croissance fulgurante ces dernières années, notamment depuis la crise du Covid-19. Ce phénomène n'est pas sans conséquence sur la planète.
Pour replacer les choses dans leur contexte, plus de 2 milliards de tonnes de déchets sont déversés chaque année dans les décharges du monde entier.
Où finissent donc tous ces déchets, plastique, métal, qui sont loin d’être tous recyclables et recyclés ? Eh bien, le plus souvent, lorsqu’ils ne sont pas recyclés et transformés, ces déchets finissent soit dans des décharges immenses à ciel ouvert soit dans ce qu’on appelle le “Vortex de déchets du Pacifique nord”, aussi appelé 6ème continent.

Les chiffres sont d’ailleurs édifiants. Par exemple, la décharge de Vinca, située au Sud-Est de Belgrade en Serbie, plus grande décharge ouverte d'Europe, accueille quotidiennement par camion environ 1500 tonnes de déchets ménagers et 3000 tonnes de déchets de construction. Par ailleurs, selon l'ONG américaine Ocean Conservancy, chaque année, près de huit millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans, à savoir plus d’un camion par minute. L’Indonésie comptabilise à elle seule plus de 620.000 tonnes chaque année et espère d'ici 2025 réduire ce chiffre de 70%. Le constat est terrible.
Cependant, l'espoir demeure et nous devons nous y raccrocher. Notamment, le volume considérable de déchets générés par le réseau de la chaîne d'approvisionnement et son impact négatif sur l'environnement ont déjà forcé bons nombres d’entreprises e-commerce à reconsidérer leurs pratiques et à rechercher des solutions durables au sein de leurs divers secteurs, notamment en adoptant des emballages écologiques.
Les tendances récentes montrent d’ailleurs que pléthore d’e-commerçants ont déjà pris un tournant écologique en se lançant dans le « commerce vert », c’est-à-dire un type de commerce basé sur la production et la distribution de produits moins polluants et plus respectueux de l'environnement. Il s'agit par exemple de production et d'utilisation d'énergie solaire, de matériaux durables, de tissus écologiques et d'une variété d'autres produits respectueux de l'environnement. De nombreuses entreprises e-commerce se sont ainsi imposées avec un concept commercial innovant et se voulant plus respectueux de l'environnement. Quelques exemples ci-dessous :
Packhelp, start-up polonaise qui a levé en novembre dernier près de 40 millions d’euros, a lancé en ce sens une initiative visant à aider les retailers tels que H&M ou encore L’Oréal à passer à l'utilisation d'emballages durables pour leurs produits. Cette initiative permet aux entreprises de se procurer des matériaux d'emballage durables et écologiques. Les commerces en ligne qui utilisent Packhelp peuvent également choisir de planter des arbres. L'éco-badge apposé sur les boîtes témoigne notamment du soutien à la reforestation. Bien que cette pratique de reforestation soit souvent associée au greenwashing, et ne soit pas du tout suffisante, ce type d’initiatives contribuent quand même à la sensibilisation à l’écologie et doivent être encouragées.
L’entreprise TOMS est un exemple pertinent de réussite puisqu’elle est devenue une marque internationalement reconnue et dont les emballages sont constitués à 80% de déchets recyclés et imprimés avec de l'encre de soja. La collection de TOMS Shoes comprend des articles fabriqués en chanvre naturel, en coton biologique et/ou en polyester recyclé.
Cependant, l’exemple qui nous a le plus marqué est celui de My Little Bee, entreprise e-commerce 100% française, fondée fin 2019 par 2 frères, Clément et Baptistin Robillard. Nous avons eu eu la chance d’échanger quelques minutes avec eux, au Salon Marjolaine (salon du Bio au Parc Floral) en novembre 2021. Ces derniers nous ont donc raconté à quel point l’e-commerce a changé leur vie et à quel point rien n’aurait été possible sans le commerce en ligne.
Que fait et que vend My Little Bee ? Après avoir remarqué les déchets considérables engendrés par les emballages alimentaires, et conscients de la nécessité de revenir à des produits éco-responsables, les deux frères ont alors l’idée de relancer un mode de conservation alimentaire utilisé autrefois : le Bee Wrap.

Constitués d’un alliage de tissu en coton biologique de grande qualité, de cire d’abeille, de résine de pin et d’huile de jojoba, ces emballages alimentaires ont l’avantage d’être lavables à l’éponge, réutilisables et thermoformables ce qui vous permet d’emballer n’importe quoi comme un papier film classique. La seule différence est que les Bee Wraps disposent de motifs modernes et sont surtout naturels, réutilisables et 100% biodégradables.
Le succès est alors immédiat pour cette entreprise qui génère près d’1,2 millions de chiffre d’affaires lors de ses deux premières années. Cet exemple est particulièrement parlant puisqu’il incarne parfaitement cette catégorie d’entreprises e-commerce soucieuses de l’environnement qui n’auraient jamais pu se lancer sans le commerce en ligne. En effet, il est presque impossible aujourd’hui, sans levée de fond ou sans une grosse somme d’argent de côté à investir, de lancer un business directement en physique. L’e-commerce a quant à lui l’avantage en enlevant la plupart des barrières à l’entrée, de permettre de se lancer à très faible coût, de tester son produit et son audience avant de consentir à de plus gros investissements.
Ce modèle e-commerce limite donc le risque et donne par conséquent l’opportunité à plus de gens de créer des business respectueux de l’environnement, “no waste”, écologiques et Made-in-France. Certes, ce positionnement durable implique des coûts de production plus élevés et des marges par conséquent plus faibles, mais ce genre d’initiative est la preuve par l’exemple qu’e-commerce et développement durable sont loin d’être incompatibles.
Ce qu'il est donc important de comprendre à travers ce dernier exemple, c'est avant tout que l'e-commerce est un formidable moyen offert aux entreprises soucieuses de l'environnement de se lancer à bas coût et de mettre le développement durable au cœur de leur processus de développement. Les coûts engagés étant plus limités qu'en physique (pas de loyers de magasin par exemple), le commerce en ligne compense ainsi en partie les marges plus faibles liées à une production locale, française avec des produits biologiques et éco-responsables. L'e-commerce permet ainsi a des entreprises durables d'émerger sur des secteur parfois très concurrentiels sur lesquelles elles n'auraient jamais eu l'opportunité d'émerger en physique (en raison des coûts de productions, marges plus faibles, etc).
Si cet article vous a plu et que vous désirez découvrir davantage d’exemples inspirants d’entreprises ayant internalisé les enjeux environnementaux grâce aux canaux de vente en ligne, ne manquez pas notre prochain article. Nous avons en effet eu le privilège de rencontrer Aymeric Grange, co-fondateur de la marque e-commerce française 900.care. Un échange passionnant…
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